“Dans sa nouvelle série, Nora Juhasz traque notre représentation de nous-mêmes dans les médias sociaux et la met en scène dans des images personnelles et parlantes.
Nous les connaissons tous, ceux qui ne se contentent pas de présenter des animaux domestiques, des paysages ou des assiettes garnies, mais qui se mettent en scène, eux, leur personne, avec fierté, sans pudeur, de manière narcissique, apparemment comme une évidence, mais en sollicitant néanmoins les likes et les cœurs.
Mais il nous est propre à tous d’être aimés, admirés, voire aimés. De préférence, pas seulement avec un like, mais aussi avec le fameux cœur. Et l’attention que nous gagnons ainsi dégénère chez certains en une compétition quotidienne.
Le langage visuel, la mise en scène reconstituée que Nora Juhasz développe n’est cependant jamais cynique, caricaturale au possible, mais toujours avec une certaine indulgence et accessibilité.
Dans sa réalisation, elle choisit un aspect pastel en couleurs. Ses combinaisons de couleurs sont toujours surprenantes et en même temps cohérentes. D’une part, elle enlève ainsi aux déclarations leur caractère drastique ou trop bruyant. D’autre part, elle crée des images d’une beauté durable. “La vie en rose” parfois, mais c’est précisément ce qui fait partie de nos représentations de nous-mêmes. Nora Juhasz a développé un style qui lui est propre, où l’expression des visages est particulièrement travaillée et où les corps apparaissent plutôt en contours. Elle souligne ainsi ce qui est important pour elle : les mimiques des personnages et l’accentuation de la posture du corps par la réduction. Exactement à l’intersection d’un message clair et d’une certaine ouverture, ce qui permet au spectateur de compléter l’histoire.
La qualité artistique particulière qui traverse la peinture de Nora Juhasz est la représentation du narcissisme, avec son humour intrinsèque. Mais il ne se comporte pas comme une blague directe, superficielle, dont on peut peut-être rire trois fois. Grâce à la franchise narrative des scènes qui nous renvoient à notre propre narcissisme et à l’esthétique conciliante des couleurs, les peintures sont d’une qualité durable.”
“Nora Juhasz spürt in ihrer neuen Serie unsere Selbstdarstellung in den sozialen Medien nach und bringt sie in eigene, sprechende Bilder.
Wir kennen sie alle, jene, die nicht nur Haustiere, Landschaften oder gefüllte Teller präsentieren, sondern sich selbst, ihre Person in Szene setzen, stolz, schamlos, narzisstisch, scheinbar selbstverständlich, aber dennoch um Likes und Herzen heischend.
Aber es ist uns allen eigen, gemocht, bewundert, gar geliebt zu werden. Am liebsten nicht nur mit einem Like sondern bevorzugt mit dem berühmt-berüchtigten Herzen. Und die Aufmerksamkeit, die wir so gewinnen, artet bei manchen in einem täglichen Wettkampf aus.
Die Bildsprache, die nachgestellte Inszenierung, die Nora Juhasz entwickelt ist jedoch nie zynisch, karikaturhaft auf den Punkt gebracht schon, aber immer mit einer gewissen Nachsicht und Zugänglichkeit.
In der Ausführung wählt sie ein pastelliges Erscheinungsbild. Ihre Farbkombinationen sind immer wieder überraschend und gleichzeitig stimmig. Damit nimmt sie einerseits den Aussagen eine Drastik oder etwas allzu Lautes. Andererseits entstehen dabei Bilder von einer nachhaltigen Schönheit. «La vie en rose» manchmal, aber genau das ist ja auch Teil unserer Selbstdarstellungen. Nora Juhasz hat einen eigenen Stil entwickelt, der die Gesichter mit ihrem Ausdruck besonders ausarbeitet, die Körper eher in Kontur erscheinen lässt. Damit betont sie, was ihr wichtig ist: die Mimik der Figuren und die Betonung der Körperhaltung durch Reduktion. Genau an der Schnittstelle von klarer Aussage und einem gewissen Offenlassen, was den Betrachter die Geschichte ergänzen lässt.
Die besondere künstlerische Qualität, die sich durch die Malerei von Nora Juhasz zieht, ist die Darstellung des Narzisstischen, mit ihrem ureigenen Humor. Aber es verhält sich nicht, wie bei einem direkten, vordergründigen Witz, über den man vielleicht dreimal lachen kann. Durch die erzählerische Offenheit der Szenen, die uns auf unseren eigenen Narzissmus rückverweisen und die versöhnliche Farbästhetik sind die Malereien von dauerhafter Qualität. ”
Hans Fellner curator